Chapitre II · Chapitre III : le marécage
– Debout Thomas, il est l’heure.
– Laisse-moi dormir maman, il trop tôt, ronchonna l’adolescent d’une voix ensommeillée.
– C’est Trois qui te parle, nous partons pour le village.
– Hmmm … Trois ! Oh pardon, je t’avais pris pour ma mère. Mais quelle heure est-il ?
– Six heures du matin. Nous devons profiter un maximum de la lumière du soleil, elle représente un sursis avant que les ténèbres ne resurgissent.
– Mhhh… j’arrive.
J’ai hâte de pouvoir refaire la grasse matinée, les levés à l’aube ne sont vraiment pas faits pour moi.
Après s’être équipé, Thomas descendit au rez-de-chaussé. Trois l’attendait là, l’épée au fourreau, campé devant la porte.
– On n’emmène rien, même pas des provisions pour la route, ni le petit déjeuner, demanda Thomas ?
– On achètera tout au village et on ne prend pas de petit déjeuner le temps nous manque. Dépêches-toi maintenant, il faut que nous soyons au village avant midi.
Les deux hommes se mirent en route, un petit chemin sinueux permettait de descendre la montagne. Durant le trajet Thomas posa une multitude de questions à son compagnon.
– Comment ce fait-il que vous sachiez que je viendrai dans ce monde ?
– Tu ne m’as donc pas écouté, les prophéties Thomas, les prophéties.
– Mais vous, êtes-vous natif de mon monde ?
– C’est compliqué… J’ai vécu longtemps dans ton monde, il y a de cela plusieurs années. Mais maintenant ma place est ici, pour te guider. Toi seul aura le dernier mot sur le destin, je ne pourrai plus t’aider lorsque tu entreras dans la forteresse de Garzok.
– J’ai l’impression d’être un rat prit au piège dans ce monde, tous mes actes sont-ils déjà écrits à l’avance, demanda Thomas sur un ton colérique ?
– Non, lui rétorqua Trois. Personne ne sait comment vaincre le maître des ténèbres, tout ce que je sais c’est que c’est toi qui dois l’affronter.
– Mais comment puis-je vaincre quelqu’un dont je ne soupçonnais même pas l’existence il y a quelques heures ?
– Je n’en sais rien Thomas, j’aimerais sincèrement pouvoir te le dire mais je n’en sais absolument rien.
– Je me sens totalement désarmé face à mon destin.
Les deux compagnons arrivèrent devant l’entrée du village après plusieurs heures de marche. Les maisons étaient en bois et la palissade défensive en pierre. L’entrée était gardée par deux hommes en armure, leurs traits étaient graves et leurs yeux fatigués. La tension et la crainte emplissaient le village.
– Oyez, mes amis c’est Trois qui vient vous rendre visite, je viens vous acheter deux équipements complets.
– Qui est donc ce jeune homme à tes côtés, cria un des gardes du haut des remparts ?
– Ce jeune homme s’appelle Thomas, c’est celui dont les prophéties parlent depuis des millénaires.
Des murmures emplirent le chemin de ronde. La nouvelle se répandit telle une traînée de poudre dans le village. Enfin, les portes grincèrent et s’ouvrirent pour laisser passer les deux hommes.
Une foule était entassée devant les portes.
– Le sauveur est arrivé, hurla de joie quelqu’un.
– Il vient tuer les monstres des ténèbres, cria un autre.
– Que me veulent-ils, murmura l’adolescent ?
– Ils t’acclament, tu sais en ce moment les temps sont difficiles. Et pour eux tu incarnes une délivrance, tu es celui qui permettra à tous de retrouver un quotidien heureux. Tu es celui qui éradiquera les ténèbres. Tout le monde connaît les prophéties.
– Si un jour on m’avait dit que je serai un héros, je n’y aurais pas cru, s’exclama le jeune homme.
La foule était en liesse, tous les villageois voulaient toucher leur héros, comme pour s’assurer qu’il était bien réel.
– Merci, merci pour cet accueil mais nous devons voir le chef du village maintenant, clama Trois.
Les habitants s’écartèrent non sans mal de Thomas pour leur laisser un chemin menant à l’hôtel de ville. Celui-ci était plus imposant que le reste des maisons, et contrairement aux autres maisons, construit avec des pierres joliment sculptées. La porte s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître le bourgmestre.
– Que se passe-t-il ici ? Quelle est l’origine de ce remue-ménage ?
– Bien le bonjour bourgmestre, moi et mon ami Thomas venons vous acheter deux équipements de combat.
– Si peu de choses pour tant de bruits ?
– C’est-à dire-que … commença Trois.
– C’est le sauveur, s’exclama quelqu’un.
– Le-le-le sau-sauveur ? Le vrai, le seul et l’Unique ?
– En chair et en os.
– Entrez donc ! Ne restez pas dehors ! Je vais de ce pas vous préparer votre équipement.
Thomas et Trois entrèrent dans la maison, la pièce principale était spacieuse et chaleureuse. Celle-ci ressemblait à si méprendre à un chalet suisse avec ses poutres apparentes et son feu de cheminée.
– Ce soir vous dormirez chez moi, leur annonça le chef. Ma femme vous prépare un ragoût de lapin dont vous me direz des nouvelles. Les chambres sont au premier étage. Donnez-moi vos manteaux je vais les mettre devant la cheminée.
Pour la première fois, Thomas vit Trois sans sa redingote noire. Il se rendit compte à quel point celui-ci était son aîné. Trois devait avoir une génération de plus que Thomas soit environ quarante-cinq ans mais cela restait difficile à évaluer au vu du peu de détails de son aspect.
Quelques heures plus tard le bourgmestre, sa femme, Trois et Thomas mangèrent le fameux ragoût de lapin. L’adolescent fut assailli de questions venant du maître des lieux. Celui-ci voulait tout savoir sur la vie de Thomas. Mais ce dernier ne lui raconta que le strict minimum. Après ce repas copieux, les deux hommes montèrent dans leurs chambres respectives pour se reposer.
Le matin après un petit déjeuner pris sur le pouce, l’homme et l’adolescent se préparèrent à partir.
– Il n’y a rien qui pourrait vous faire rester ne serait-ce une journée de plus, questionna le bourgmestre sur un ton suppliant ?
– Malheureusement non, nous devons partir le plus vite possible le temps presse, dit Trois.
– Alors je vais vous chercher vos équipements, soupira-il.
Le bourgmestre leur rapporta deux équipements composés de pioche, épée et armure en diamants.
– Tenez je vous les offre, de tout de façon notre survie est placée entre vos mains. Nous ne tiendrons plus longtemps face aux hordes de monstres qui déferlent chaque nuit sur le village.
– Merci, votre générosité nous touche, le remercia Thomas.
Les deux aventuriers s’équipèrent et montèrent les chevaux que leur avait scellés un palefrenier.
– Merci pour tout, et que la lumière veille sur vous et votre village, clama Trois.
– Que la lumière veille sur vous aussi, vous en aurez besoin.
Les portes du village s’ouvrirent devant les deux chevaux, malgré l’heure matinale, une foule acclama les deux héros partant réaliser leur quête.
Après quelques centaines de mètres les acclamations s’estompèrent et seul le bruit des sabots des chevaux ponctua le reste du voyage jusqu’au marécage de la sorcière. La tension était palpable. Lorsque les deux voyageurs arrivèrent à l’orée d’une forêt sombre où le soleil ne semblait pas pouvoir pénétrer. Thomas fut presque surpris de constater que leur voyage à cheval s’arrêtait là. Après avoir descellé, les deux hommes accrochèrent leurs chevaux à un arbre et continuèrent à pied. Un silence de mort régnait dans la forêt pas un seul crépitement, pas un seul bruissement du vent dans les arbres, pas un seul rayon de vent ne filtrait au travers des arbres. Un petit chemin permettait de se rendre jusqu’au repère de la sorcière. C’est alors qu’il la vit la hutte où se terrait le mal incarné. Celle-ci était gardée par une multitude de créatures des ténèbres.
– Tu es prêt, Thomas ?
– Non, mais je n’ai pas le choix, alors allons-y !
[À suivre]
Image de Une réalisée par Freeze’.
Bravo pour ce texte RP ! :)